Excellent petit historique de l'aventure Lycos sur le JDN, qui m'a fait repenser à mes débuts sur le net.

Je me souviens de ma première année de fac, ma découverte du web s'est faite en 1999 dans une des salles libre service de ma bibliothèque universitaire, joyeusement squattée par tout, sauf des étudiants en faisant usage à titre studieux.
Non à l'époque, les sites qui faisaient péter les scores de fréquentation, c'étaient les sites de Tchat en ligne, les salons Wanadoo (basés sous IRC) et surtout Caramail, LA boite mail de toute le monde et LE site de tchat de référence, où chacun pouvait assouvir ses fantasmes de rencontres et de dialogues vains via écrans interposés.

J'y ai créé ma première adresse mail, et concept marrant à l'époque, mes alias. Sous Caramail, un email était lié à un sexe (homme, femme, je ne sais pas, de mémoire), on pouvait donc à loisir s'amuser sur les salons à draguer des filles en tant qu'homme, se fouttre de la gueule des dragueurs en tant que femme, ou faire planner le doute en tant qu'élément neutre (que celui qui n'a pas eu un de ces comportement sur Caramail me jette la première pierre).
Je ne sais plus exactement comment, mais à un moment tout le monde a basculé sur MSN, ICQ, IRC (pour les plus geek dont votre serviteur), pour finalement laisser MSN bouffer tout le monde, avant que Skype ne change un peu la donne, je me souviens que même Wanadoo à l'époque s'était lancé là dedans.
On est passé du salon anonyme à la discussion personnelle en one to one avec des gens qu'on connaissait vraiment, comme si la situation s'était rationnalisée. L'augmentation de l'usage sans doute.

Pour la recherche, c'était relativement hybride à l'époque, je me souviens d'un espèce de méta moteur sous forme d'application du nom de Copernic (oh putaniou ça existe encore), du chien Lycos qui va chercher, d'Altavista, d'Exalead... globalement, c'était peu pertinent (merci les pages alias, certains s'en gaussent encore).
Mon premier contact avec Google s'est fait au hazard d'une lan parisienne, j'ai vu un type faire ses recherches sur un site simple, épuré, et qui avait l'air d'y trouver son compte, c'était une révolution par la sobriété (c'était la première fois que je voyais un moteur hors d'un portail). Là encore, rapidement tout le monde a basculé.

J'ai fait mes premières pages en ligne (pour mon groupe de funk rock de l'époque, les plus curieux iront écouter Sweat Leaf sur Geemic.com) sous un CMS en ligne ricain dont j'ai complètement oublié le nom, puis sous Multimania (rah mais ça aussi ca existe encore!).
On créait sa page en quelques clics, c'était souvent ignoble, avec des gifs animés et des logos type WordArt créés en ligne, avec des URLs en .fr.st (yihaa ! Je viens d'en retrouver un de 2001 via archive.org, mais j'ai trop honte, sauf si vous demandez gentillement par mail).
Un jour, un espèce d'ovni est arrivé : Le Journal de Max.
De ce que je me souvienne, l'affaire avait fait grand bruit, un type écrivait son journal quotidien, acide, de manière régulière, sous forme d'épisodes, c'est mon premier contact avec un blog.
Les CMS en ligne se sont multipliés, les moteurs de blog aussi, l'ère du PHP/MySQL avait sonné, j'ai commencé à développé mon propre CMS, j'ai créé ma structure avec 2 amis, on faisait des sites pour des boutiques, des assos, des groupes, c'était en 2004.

Puis les internautes ont pris le pouvoir, UGC nous voilà, un contre pouvoir en somme, les firmes ou quelques amateurs éclairés n'était plus les seuls à pouvoir s'exprimer, tout un chacun pouvait en quelques clics s'exprimer, je garde l'impression que ça a dérationnalisé la relation que tout un chacun avait avec une page web. On pouvait tout y faire, on n'était plus obligé de lire uniquement, on participait, on créait le succès où provoquait l'échec. Le jeu subtil et souvent grossier du buzz marketing tournait à plein tube.

Enfin, petit à petit les marques et les agences ont mieux appréhendés ce nouveau média, paradoxal, car à la fois support et interactif, on a rerationnaliser le web.
Aujourd'hui les choses bougent à nouveau, le web n'est plus seul, il communique avec les autres supports (TV, radio, téléphone...), les autres supports communiquent avec lui

Et Lycos là dedans ? Je suis assez d'accord avec la conclusion de l'article du JDN : faute d'innovation, et alors qu'ils avaient toutes les cartes en main, les dirigeants successifs n'ont pu garder leur avantage.

Séquence émotion, donc.